Stanislav GROF

Dès les années 1960, il commence ses recherches auprès de patients schizophrènes à qui il administre en faible dose du LSD. Il s’aperçoit alors rapidement que l’émergence du matériel inconscient s’en trouve facilitée et aide à la guérison. Après des années d’expériences, il imagine qu’il doit être possible de poursuivre ces explorations, mais sans l’utilisation de drogues psychédéliques. Il met alors au point la Respiration holotropique et cartographie des territoires de la psyché humaine jusque-là insondés par la science. Ces expériences (esthétiques, psychodynamiques, périnatales et transpersonnelles) sont répertoriées et mises en correspondance avec différents domaines de l’inconscient humain. Les expériences périnatales vécues par les expérimentateurs y sont décrites comme une prise de conscience du processus de naissance et de mort avec la manifestation de symptômes physiques, de visions, agréables et/ou désagréables, et pour Stanislav Grof, en rapport direct avec les différentes phases de l’accouchement.

Il a ainsi répertorié quatre expériences périnatales (Matrices périnatales fondamentales ou MPF) selon une grille symbolique relative aux phases de l’accouchement. À noter que chaque stade de la naissance biologique semble avoir un équivalent spirituel spécifique dans le psychisme humain auquel Stanislav Grof rattache la théorie freudienne et la sollicitation des zones érogènes correspondantes. Pour lui, vivre de telles expériences peut entraîner un changement radical dans notre existence et notre vision du monde.

MPF 1 : VIE PAISIBLE ET UNITÉ COSMIQUE

C’est la vie paisible au sein de l’utérus et l’expérience de l’unité cosmique. Les personnes retrouvent des souvenirs où des besoins importants ont été satisfaits tels que des moments heureux de la prime enfance et de l’enfance, des amours heureux, des voyages merveilleux, etc. Les personnes malades, sous LSD, recontactaient le sentiment d’une vie intra-utérine paisible, une forme d’extase « océanique » ou, dans certains cas, des souvenirs réalistes d’expériences intra-utérines désagréables comme la maladie et les crises émotionnelles de leur mère, une situation gémellaire, une tentative d’avortement, des sensations physiques déplaisantes comme des malaises, des frissons, des spasmes, du dégoût, etc.

MPF 2 : DÉCLENCHEMENT ET SOUFFRANCES

Cette deuxième matrice est associée à de fortes contractions, alors que le col de l’utérus est encore fermé. Les personnes sensibles à cette matrice ont froid et souffrent. Elles évoquent des situations mettant en danger l’intégrité de leur corps, le manque d’affection, le rejet, une atmosphère familiale oppressante. Leurs souffrances physiques et psychologiques sont si intenses qu’elles ont l’impression que cela n’en finira jamais. Leurs souvenirs de la vie intra-utérine sont associés à des sentiments de compression, à des frissons et à des difficultés respiratoires.

MPF 3 : PROGRESSION ET CONFLIT

Cette troisième matrice correspond à la progression du foetus dans le canal vaginal et met en relief le conflit mort/naissance. Lorsque l’empreinte de cette matrice est prédominante, les personnes se souviennent de luttes et d’aventures sensuelles (carnavals, orgies sexuelles). Leur intensification de la souffrance a des dimensions cosmiques. Aussi restent-elles à la « frontière » entre douleur et plaisir en vivant une forme d’extase « volcanique ». Le souvenir de leur vie intra-utérine est investi de manifestations physiques intenses : pressions, suffocation, tremblements et crispations, nausées, sifflement dans les oreilles.

MPF 4 : MORT ET RENAISSANCE DE L’EGO

Cette quatrième matrice se caractérise par l’idée de mort et de renaissance, de destruction et de recréation du monde, de salut et de rédemption. Les personnes sensibles à cette matrice ont le souvenir de situations dangereuses dont elles sont sorties saines et sauves, voire victorieuses. Elles gardent en elles des images bucoliques et contemplatives de la fin de l’orage, du lever de soleil, etc. C’est la matrice de la décompression qui laisse place à un gigantesque sentiment d’espace investi d’une lumière radieuse. C’est une phase de transition qui rejoint la MPF 1, les sentiments agréables pouvant être interrompus par des douleurs, des difficultés respiratoires, la peur de la mort et de la castration.

Bien sûr, la description que nous vous présentons ici est volontairement simplifiée. Retrouvez la cartographie complète dans "Les Nouvelles dimensions de la conscience", éd. du Rocher, 1989.

La plupart des phénomènes décrits sont reliés à des pathologies graves du temps où Stanislav Grof travaillait avec des patients schizophrènes ; phénomènes confirmés par les personnes qui cheminaient dans une exploration personnelle. Alors, vous êtes-vous entraperçu(e) dans l’une ou l’autre de ces matrices ? Nous vous conseillons de les lire à voix haute pour entrer davantage en résonance.